Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
L'avis ne fait pas Lemoine !
L'avis ne fait pas Lemoine !
  • Comme disait Clint, "les avis c'est comme les trous du cul, tout le monde en a un !" Guillaume Lemoine vous propose donc le sien, avec toute la modestie et la mauvaise foi qui le caractérisent. Sorties ciné, films cultes, navets... tout y passe !
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Newsletter
16 octobre 2013

9 mois ferme : Dupontel récidive !

9 mois ferme

 

Mesdames et messieurs les jurés, lecteurs et lectrices de L'avis ne fait pas Lemoine, je suis sûr que vous partagerez mon constat sans appel : la comédie française va mal ! Entre les adaptations mal torchées de BD cultes et les délires égocentriques de pseudo-stars du net, les plagiats de Michaël Youn et les remakes opportunistes de succès québecois, les films de vacances entre potes financés par le CNC et les bouffonneries aseptisées et/ou lourdingues calibrées pour cartonner en prime sur TF1, le bilan est consternant et cette année il n'y a guère eu que Les Gamins pour nous offrir une bouffée d'air frais salvatrice. C'est donc avec un scepticisme bien compréhensible que vous vous apprêtez à accueillir 9 mois ferme, le nouveau film de mon client.

Mon client, vous le connaissez très bien, c'est Albert Dupontel : Premiers pas à la télé chez Patrick Sébastien, des prestations scéniques fracassantes et des sketchs devenus cultes, puis un premier long-métrage frappadingue mais adulé (Bernie) qui lui permettra de faire son entrée dans le petit monde du cinéma français et de s'y installer durablement, au point de devenir l'un de ses piliers. Acteur très demandé, Dupontel livre des prestations allant du solide au bouleversant mais c'est surtout en tant que metteur en scène que le personnage a su tracer son sillon et faire montre de tout son talent et de toute sa fantaisie. Fils spirituel des Monty Python adoubé par Terry Gilliam et Terry Jones qui jouent parfois les guests de luxe dans ses film, Albert Dupontel est aussi un héritier de Chaplin de par sa manière de faire (beaucoup) rire en traitant de sujets pourtant graves comme la misère sociale, la solitude et d'autres thèmes a priori peu réjouissants. 

9 mois ferme ne déroge pas à cette règle en vous proposant de suivre deux êtres que (presque) tout oppose et qui se retrouvent chacun dans une situation plus que délicate. D'un côté, Ariane Felder (Sandrine Kiberlain), jeune juge raide comme la justice qui ne vit que pour sa carrière et qui découvre qu'elle est enceinte depuis déjà cinq mois. De l'autre, Bob Nolan (Albert Dupontel), criminel notoire et roi de la cambriole qui se retrouve accusé d'un crime particulièrement atroce. Bien évidemment, leurs routes vont se croiser et la confrontation de ces deux personnages hauts en couleurs donne lieu à un véritable enchaînement de fous rires, un cocktail d'humour plus explosif que de la dynamite (oui j'avoue, j'ai été tenté de placer une référence à la pub pour les barres Ovomaltine), une symphonie totalement folle et pourtant dirigée à la baguette par le chef Dupontel qui, tel un orfèvre, a su tailler son film comme un diamant pour en enlever le superflu et nous offrir un bijou d'à peine 80 minutes dont le rythme, pourtant extrêmement soutenu, ne faiblit pas une seule seconde ! Ce bijou se paie en plus le luxe d'avoir un très bel écrin et l'on voit trop de comédies françaises filmées comme de vulgaires téléfilms pour ne pas saluer la superbe photographie de Vincent Mathias qui contribue à faire de 9 mois ferme un vrai long-métrage de cinéma.

Véritable pochette surprise bourrée jusqu'à la gueule de morceaux d'anthologie, 9 mois ferme offre à Albert Dupontel une nouvelle occasion de nous entraîner dans sa folie créatrice et de démontrer encore une fois tout son génie comique à travers des séquences absolument jouissives (comme lorsque Bob Nolan tente d'imaginer comment a vraiment pu se passer l'agression qu'il est accusé d'avoir commise) et tellement de trouvailles visuelles à la seconde que vous serez impatients d'aquérir le DVD ou le blu-ray pour mettre le film sur pause et contempler à loisir toutes les petites pépites incrustées dans les différents plans du film (les extraits des journaux télévisés sont à ce titre de vraies mines d'or tant elles regorgent de détails comiques à se tordre de rire). En état de grâce derrière la caméra, Albert Dupontel est aussi en forme quand il s'agit d'être devant. Composant un voyou doux dingue un peu simplet mais d'une gentillesse à toute épreuve qu'on pourrait apparenter à un Bernie ayant un peu vécu, Dupontel reste dans un registre qu'il connait certes par coeur mais qu'il maîtrise comme personne. Mais la vraie révélation du film, c'est Sandrine Kiberlain que vous n'avez encore jamais vue dans cet état ! Sans doute contaminée par la folie de son metteur en scène et partenaire à l'écran, elle se lâche totalement, se fait plaisir (et ça se voit !), et offre une prestation totalement dingue, à mille lieux des rôles plus sérieux et cadrés qui ont fait son succès. Nicolas Marié en avocat bègue complétement perché et Philippe Uchan en juge prétentieux qu'on prend plaisir à voir morfler achèvent de former une distribution brillante qui se paie en plus le luxe d'être complétée par de très prestigieux invités lors de caméos qu'il serait criminel de vous dévoiler ici.

En conclusion, Albert Dupontel tutoie les sommets et nous offre un film drôle, délirant, inventif, et tout simplement génial. 9 mois ferme est la comédie de l'année ! Alors mesdames et messieurs, lecteurs et lectrices, vous savez ce qu'il vous reste à faire : ruez-vous dans les salles !

 

Verdict : 19/20 ferme !

 


< 9 mois ferme. Un film d'Albert Dupontel avec Sandrine Kiberlain, Albert Dupontel, Phillipe Uchan, Nicolas Marié et Bouli Lanners. Sortie française : le 16 octobre 2013.

 

L'anecdote inutile donc indispensable : Désirant dans un premier temps tourner le film en anglais, Albert Dupontel avait d'abord écrit le rôle d'Ariane Felder pour Emma Thompson. 

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité