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L'avis ne fait pas Lemoine !
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  • Comme disait Clint, "les avis c'est comme les trous du cul, tout le monde en a un !" Guillaume Lemoine vous propose donc le sien, avec toute la modestie et la mauvaise foi qui le caractérisent. Sorties ciné, films cultes, navets... tout y passe !
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21 octobre 2014

Soupe de tortues

Ninja Turtles

Si, comme votre serviteur, vous avez grandi avec l'inoubliable série animée diffusée à l'époque sur France 3, les premières adaptations live au cinéma et bien évidemment la myriade de jouets à l'effigie des quatre chevaliers d'écailles et de vinyle, vous attendiez ce nouveau long-métrage produit par Michael Bay de pied ferme. Leonardo est toujours le leader de la bande, Raphaël le rebelle en pleine crise existentielle, Donatello l'intello bricoleur et Michelangelo le skateur-blagueur de service. Mais malgré cet apparent respect des traditions, on sent très vite qu'il y a quelque chose de pourri dans les égouts de New-York !

Les Tortues Ninja sont devenues des wesh. Des kaïra. Des zonards verts gaulés comme Terry Crews qui se trimballent avec plus de quincaillerie que Mister T. Il est bien évident que pour perdurer dans le temps et toucher de nouvelles générations, les héros doivent s'adapter un peu à leur époque, mais voir les Tortues Ninja faire du beatbox dans un ascenseur est une expérience aussi traumatisante que la fois où José a empapaouté (où t'es, papa où t'es ?) Nicolas dans la suite d'Hélène et les Garçons. En parlant de sexe, Michelangelo est devenu un sacré obsédé ! Certes, la vision du fessier de Megan Fox parfaitement moulé dans un jean slim ultra serré a de quoi perturber les plus chastes cinéphiles mais entendre la tortue au bandeau orange exprimer régulièrement son envie de "pécho" April O'Neil est plutôt malsain ; du moins pour ceux qui ne sont pas encore à l'aise avec le concept de zoophilie. De quoi regretter l'époque où les quatre frangins ne nous pompaient pas l'air avec leur puberté. 

Point d'acné pour nos tortues adolescentes mutantes ninja qui sont par contre désormais pourvues d'un très vilain nez et d'une tonne d'accessoires qui leur donnent l'air de véritables brocantes sur pattes. Mention spéciale à Donatello : avec tout le matos qu'il trimballe sur sa carapace, on dirait qu'il vient de dévaliser un Darty ! Mais au concours de celui qui a pris le plus cher, le gagnant est sans conteste Splinter. Jamais le père adoptif des quatre reptiles survoltés n'avait été aussi affreux. On aurait presque envie de glisser un peu de mort aux rats dans sa pizza pour éviter de terribles cauchemars aux enfants qui constituent pourtant le public clairement ciblé par le film. Seul Shredder pourrait s'en tirer avec les honneurs. Je dis bien "pourrait" parce qu'aussi cool que soit son armure truffée de lames mortelles, la "badassitude" de l'ennemi légendaire des Tortues Ninja a été totalement ruinée par la réalisation bien avant qu'il la revête puisqu'on nous l'a montré à visage découvert, en gros plan, pendant les trois premiers quarts du film. Bravo les gars !

C'est l'ensemble du long-métrage qui est visuellement décevant. Au risque de passer pour un vieux con, je trouve que le film de 1990 s'en sortait beaucoup mieux sur ce plan-là. Malgré son côté un peu kitsch, il nous offrait des Tortues bien plus crédibles, grâce à de très bons animatroniques qui poutrent encore largement la plupart des créatures numériques qui hantent nos blockbusters modernes. Même l'ambiance et le ton mature du film de Steve Barron étaient bien plus appréciables que le côté cartoonesque et décérébré de celui de Jonathan Liebesman, clairement destiné à flatter nos chères petites têtes blondes alors que son prédécesseur réussissait à contenter à la fois les enfants et leurs parents. Cette impression que "c'était mieux avant" vaut aussi pour le scénario. Si le script reste dans la veine classique des anciennes aventures des Tortues Ninja, le remaniement de leurs origines est assez douteux. Nous faire avaler qu'April, Splinter et les frangins à écailles se connaissaient déjà dans leur enfance, ça peut encore passer même si c'est un peu dur à avaler. Mais faire de Splinter un simple rat de laboratoire sans aucun lien avec le Japon et les arts martiaux, c'est trop. Le rongeur n'a donc jamais été l'animal de compagnie d'un grand maître, il a simplement trouvé un exemplaire du Ninjutsu pour les nuls, l'a potassé et a ensuite initié les Tortues, basta. Gamin, j'avais un bouquin dans lequel Johan Cruijff enseignait au lecteur plein de techniques pour être une superstar du foot. Aujourd'hui, je ne suis toujours pas en équipe de France. Je n'ai donc évidemment pas trouvé ça très crédible...

Ce défaut, ainsi les autres cités plus haut, rebuteront sans doute seulement les puristes et les fans de la vieille école. Le grand public et les plus jeunes ne prêteront sûrement pas attention à ces "détails de l'histoire" et trouveront sans doute leur compte en suivant un spectacle qui tente, il faut l'avouer, d'offrir un divertissement décent. Mais si les scènes de baston ont pas mal de punch, elles sont souvent bien trop illisibles et ne procurent jamais vraiment de tension ou de suspens étant donné que les Tortues sont désormais "bulletproof". Il faut même reconnaître, côté casting, que Megan Fox ne s'en sort pas trop mal. Elle ne glanera évidemment pas de nomination aux prochains Oscars mais elle fait beaucoup moins potiche de service que dans les deux premiers Transformers. Son compère, Will Arnett, est par contre une vraie plaie et semble vouloir disputer à notre bien-aimé Rob Schneider le titre de "pire sidekick de tous les temps". Il échoue de très peu mais gageons qu'il nous réserve encore plus de blagues lamentables pour la suite, déjà prévue. Quant à William Fitchner, d'ordinaire plutôt bon acteur, il est ici totalement transparent, à l'image de son personnage fade et sans saveur dont les actions machiavéliques sont motivées par un seul but : gagner de l'argent. Alors que le bonhomme est déjà multi-milliardaire... Logique ! Enfin, si certains espéraient encore un retour au premier plan de Whoopi Goldberg, c'est raté ! L'ex-star de Sister Act apparaît deux minutes à tout casser et on ne s'en plaindra pas.

Si la nostalgie peut parfois obscurcir le jugement que l'on porte sur ces Ninja Turtles, il faut bien reconnaître que le film est objectivement une déception et ne fera pas l'unanimité auprès des plus vieux fans des Tortues Ninja. Les jeunes ados et les enfants, à qui le produit est clairement destiné, seront eux peut-être conquis par les effets numériques bien dégueulasses, les quelques allusions sexuelles et les gags à base de prouts. Après Freddy Krueger, RoboCop, et en attendant le sort réservé à Max Rockatansky, celui qui est fait aux icônes de la pop-culture des années 80 est décidément bien triste.

 

Note globale : 8/20

 

< Ninja Turtles (Titre original : Teenage Mutant Ninja Turtles). Un film de Jonathan Liebsman avec Megan Fox, William Fichtner, Will Arnett et Whoopy Goldberg. Sortie française : le 15 octobre 2014.

 

 

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Commentaires
P
J'avoue que j'ai un peu ressentit la même chose. Le scénario sort on sait pas trop d'où. Sachant qu'il a été en partie ré-écrit. Je te laisse imaginer la première version. L'attitude de Michelangelo est pitoyable... Le coté"bulletproof" est à la limite acceptable... C'est clair qu'entre toutes les versions des tortues ninja, on ne sait plus trop pourquoi on massacre la série de notre enfance. #tristitude
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