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L'avis ne fait pas Lemoine !
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  • Comme disait Clint, "les avis c'est comme les trous du cul, tout le monde en a un !" Guillaume Lemoine vous propose donc le sien, avec toute la modestie et la mauvaise foi qui le caractérisent. Sorties ciné, films cultes, navets... tout y passe !
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26 janvier 2013

Spoiler : Il n'a jamais chassé un seul vampire !

lincoln-1

Quinze ans après Amistad, Steven Spielberg aborde à nouveau le thème délicat de l'esclavage en s'attaquant à une biographie du plus célèbre des présidents de l'histoire des Etats-Unis et modèle avoué de l'actuel président Obama. Loin d'être un biopic classique nous présentant la vie de son héros de sa naissance jusqu'à sa mort, Lincoln s'attache quasi-exclusivement à nous dépeindre le combat de ce bon vieux Abraham pour faire adopter le XIIIe amendement de la Constitution des Etats-Unis d'Amérique visant à abolir et interdire officiellement l'esclavage.

D'entrée, je suis face à un dilemme moral qui risque de remettre en cause ma crédibilité et de compromettre ma future prestigieuse carrière de critique ciné : dois-je vous avouer que je me suis ennuyé devant Lincoln ? Etant donné qu'il y a quelques jours à peine j'ai fait le serment d'être sincère envers mes lecteurs et que j'aurai toujours la possibilité d'effacer cet article une fois que je serai engagé à Mad Movies, je vais vous répondre OUI ! Oui, l'ennui et la lassitude m'ont parfois envahi durant les 150 minutes que dure ce film. Libre à vous de penser que je taille volontairement le grand favori des Oscars 2013 pour tenter de gagner une petite réputation, libre à vous de ne voir en moi qu'un bourrin primitif incapable d'apprécier autre chose qu'un Stallone ou un Batman, mais je préfère être franc et les futurs articles que vous lirez sur ce blog vous montreront, je l'espère, que je n'ai pas de tels desseins et que j'ai des goûts très éclectiques. Alors voilà, Lincoln est parfois ennuyeux mais est-ce que cela l'empêche pour autant d'être un bon film ? La réponse est NON !

Le film débute par 60 secondes magistrales. 60 secondes de barbarie teintée d'un lyrisme morbide qui nous montrent des soldats nordistes et des soldats confédérés en découdre avec une sauvagerie sans nom au milieu de la boue ; tellement de boue qu'on finit par ne plus distinguer les différents camps et qu'on ne voit plus que des hommes et l'absurdité d'un conflit meurtrier. Par cette belle mais trop courte introduction, Spielberg nous rappelle qu'il est toujours l'un des plus grands réalisateurs en activité mais frustre le spectateur par la même occasion puisque jamais plus le film n'atteindra de tels sommets. Le reste du métrage, pendant lequel Lincoln s'évertue à faire voter le XIIIe amendement avant la fin de la guerre de Sécession, s'avère tout de même passionnant mais cette course contre la montre politique est régulièrement ponctuée de trous d'air qui risquent d'aspirer le spectateur dans un ennui qui lui rappellera ses après-midi ensommeillées devant les "Questions au gouvernement" sur France 3. Ce problème de rythme est vraiment dommageable parce que dans leurs instants les plus enlevés, les conciliabules entre le président et ses conseillers, les débats entre parlementaires, et les machinations (parfois très drôles, notamment grâce à l'hilarant James Spader) entre démocrates et républicains pour remporter la partie montrent à quel point l'abolition de l'esclavage a été le fruit d'une bataille acharnée, remportée tant par des hommes qui ont eux le courage de suivre et transmettre leurs idéaux dans une société divisée que par des opportunistes qui ont vendu leur vote contre la promesse d'un poste avantageux dans l'administration. Surtout, le film nous montre la détermination d'un homme, Abraham Lincoln, prêt à tous les compromis, prêt à sacrifier son bonheur personnel et celui de sa famille, pour arriver à unir les citoyens de son pays dans un idéal d'harmonie et de liberté.

Pour incarner la figure la plus mythique de l'histoire de son pays, Steven Spielberg a choisi Daniel Day-Lewis, l'inoubliable interprète du Dernier des Mohicans et d'Au nom du père, le seul comédien européen à avoir remporté deux Oscars du meilleur acteur... Et sans doute bientôt trois tant sa performance est ici mémorable. Bouleversant de sobriété quand il dévoile les fêlures d'un homme à jamais brisé par la perte d'un de ses enfants, débordant d'une énergie contagieuse quand il fait part de sa détermination à se lancer dans un combat que tous prédisent perdu d'avance, et étonnamment drôle quand il partage avec son public ses éternelles anecotes qui ont fini par lasser ses proches, Day-Lewis n'incarne pas Lincoln, il EST Lincoln ! Il n'est pas rare que les autres comédiens de la distribution d'un film soient totalement éclipsés quand le rôle principal est à ce point remarquable mais, heureusement, Spielberg a su faire confiance à deux vieux routiers du cinéma capables de tenir la distance face à Daniel Day-Lewis : Sally Field et Tommy Lee Jones. La première est tellement parfaite dans la peau de l'épouse d'Abraham Lincoln que les séquences qui mettent en scène l'intimité et les tourments du couple arrivent souvent à être plus passionnantes que celles qui concernent l'intrigue principale. Le second nous rappelle qu'il en a encore sous le pied et qu'il peut servir à autre chose qu'à aligner des grimaces et des grommellements dans une énième suite de Men in black. Le film doit énormément à ce trio d'acteurs qui le porte constamment vers le haut, ainsi qu'à l'ensemble du casting qui est la principale source de réjouissance du long-métrage. Seul Joseph Gordon-Levitt, décidément partout depuis deux ans, semble en retrait même s'il est au coeur d'un arc narratif intéressant mais malheureusement pas assez développé. Dans le registre des déceptions, on peut aussi déplorer que la partition de John Williams, éternel complice de Spielberg, ne soit pas à la hauteur de l'évènement et se contente d'être bonne alors qu'on l'espérait mémorable.

Quand le plus grand réalisateur encore en activité s'attaque au plus grand président de l'histoire des Etats-Unis, on est en droit d'attendre un chef-d'oeuvre, mais malgré ses douze nominations aux Oscars, Lincoln n'en est pas un. Il reste malgré tout un bon long-métrage que je vous recommande et s'il ne mérite pas d'être désigné comme étant le meilleur film de l'année lors de la prochaine cérémonie des Oscars, ses trois acteurs principaux méritent amplement d'y être récompensés.

 

Verdict : 12/20

 


< Lincoln. Un film de Steven Spielberg. Avec Daniel Day-Lewis, Sally Field, Tommy Lee Jones, Joseph Gordon-Levitt, James Spader, Tim Blake Nelson, Jarred Harris et Jackie Earle Haley. Sortie française : le 30 janvier 2013.

 

L'anecdote inutile donc indispensable : Dès 2005, Liam Neeson avait été choisi par Spielberg pour incarner le président Lincoln. Repoussant à chaque fois le tournage du film pour s'occuper d'autres projets comme Les Aventures de Tintin : Le Secret de la Licorne ou Cheval de guerre, le réalisateur a fini par lasser l'acteur qui décida de quitter le navire en 2010, s'estimant de surcroît désormais trop vieux pour incarner le rôle principal. 

 

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Commentaires
G
Pour Spielberg, je saluais surtout la longévité. Le mec est là depuis plus de 40 ans et a fait un parcours quasi-sans fautes. Quand sur ton cv tu alignes "Duel", "Rencontres du Troisième type", "Les Dents de la mer", "E.T", "Les Aventuriers de l'Arche perdue", "Empire du soleil", "La Couleur pourpre", "La Liste de Schindler", "Il faut sauver le soldat Ryan", "Minority Report", "La Guerre des mondes"... Je pense que les autres peuvent s'incliner.<br /> <br /> Sinon j'ai lu certaines critiques qui encourageaient les spectateurs à emmener leurs enfants voir "Lincoln"... Surtout pas ! Ils vont se faire chier.
M
Ouais, ben malgré tout cela m'a donné envie de le voir, surtout pour la prestation des acteurs ;)<br /> <br /> Mais je ne suis pas du tout d'accord avec toi en ce qui concerne Spielberg, c'est loin d'être le meilleur réalisateur en activité!
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